Seuil de rentabilité et point mort

Le seuil de rentabilité est le niveau de chiffre d'affaires pour lequel l'entreprise ne dégage ni perte, ni bénéfice. Le point mort est simplement le moment dans l'année où ce seuil de rentabilité est atteint. Pour rendre le seuil de rentabilité plus significatif, il est important de le ramener dans une unité la plus représentative possible de l'activité (le nombre de couverts à réaliser par exemple, dans une activité de restauration). Attention : une hausse des charges fixes réhausse plus encore le seuil de rentabilité !

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Le compte de résultat reflète le fonctionnement de l'entreprise. Par rapport à ce fonctionnement, il est un indicateur que nous aurons toujours en tête : notre seuil de rentabilité, autrement dit : le niveau de CA qui permet à l'entreprise de ne dégager ni perte, ni bénéfice.

Exemple : Soit une entreprise (fictive) dont les charges se composent chaque mois ainsi :

- Loyer : 1000 euros
- EDF : 100 euros
- Tel : 250 euros
- Salaires et charges sociales : 2800 euros
- Divers : 400 euros

L'activité de l'entreprise consiste à acheter un produit 30 euros et le revendre 80 euros. Combien de produits faut-il vendre en un mois pour parvenir au seuil de rentabilité ?

Réponse : 91
(somme des charges à couvrir = 4550 euros ; marge dégagée sur la vente d'un produit = 80 - 30 = 50 euros ; pour couvrir les charges, il faut donc vendre = 4550 / 50 = 91 produits).

Première formule de calcul du Seuil de Rentabilité (SR) :
SR = Charges fixes / Marge sur charges variables unitaires

La marge = un Chiffre d'affaires - quelque chose (!) ; la marge se définit toujours par rapport à quelque chose ("sur" quelque chose). Exemple : marge sur achats, marge sur production.

Les charges fixes : Ce sont les charges qui n'ont aucun lien avec le CA (une augmentation ou une baisse du CA ne fait pas varier ces charges). Ce qui ne veut pas dire qu'elles soient pour autant fixes dans leur montant ; elles ne varient pas en fonction du CA. On distingue 3 types de charges fixes :

- les charges fixes par nature : la nature même de la dépense fait qu'elle est fixe (par exemple : un loyer, un abonnement, ...).
- les charges fixes par type d'activité : selon l'activité concernée, une charge peut être fixe ou non. Par exemple : la facture EDF est une charge fixe dans une activité de service mais devient une charge variable dans une activité de restauration (la consommation augmente sensiblement en fonction du nombre de parts de frites demandées !). Idem pour les frais de déplacement. Il peut arriver qu'une même charge soit pour partie une charge fixe et pour une autre partie une charge variable.
- les charges fixes par choix du chef d'entreprise. Par exemple : on peut décider que la publicité soit fixe (on alloue une somme pour l'année), ou variable (par exemple : 2% du CA).

Autre façon de calculer le seuil de rentabilité :
Seuil de rentabilité = charges fixes / marge sur charges variables x CA
Par cette formule, on obtient ainsi le CA minimum qu'il convient de faire pour couvrir les charges.

Exemple :
On espère réaliser 320 000 euros de CA. Après avoir fait le tri des charges, on arrive à la répartition suivante :
Charges fixes = 180 000 euros ; charges variables = 100 000 euros.
On peut déjà voir que (potentiellement) on s'attend à dégager une bénéfice de 40 000 euros (320 000 - (180 000 + 100 000)).

Si on applique la formule vue précédemment, le seuil de rentabilité est de :
SR = 180 000 / (320 000 - 100 000) x 320 000 = 262 000 euros.
Donc il faut atteindre 262 000 euros pour commencer à faire des gains.

Pour être encore plus significatif, il convient de ramener le SR dans l'unité la plus représentative de l'activité. Il peut s'agir de "nuités" dans le cas de l'hôtellerie, de nombre de couverts (restauration), de nombre de clients dans d'autres activités ou encore (et à défaut) : de chiffre d'affaires hebdomadaire (ne surtout pas chercher à ramener le SR à un CA quotidien : échelle de temps pas significative et effet désastreux pour le moral garanti !).

NB : Il est intéressant de noter que si les charges fixes augmentaient de 36 000 euros (soit 20% de plus), le seuil de rentabilité serait - lui - réhaussé de 52 000 euros ! Attention donc au poids des charges fixes !

Quant au point mort, il s'agit simplement du moment de l'année où l'on atteint le seuil de rentabilité.
Bien évidemment, plus tôt il arrive dans l'année et mieux c'est.

NB : Quand un chef d'entreprise veut abaisser son seuil de rentabilité, son premier réflexe est de chercher par tous les moyens à réduire ses charges fixes et de considérer son prix de vente "intouchable". Or le principe selon lequel vendre plus cher fait perdre des clients, s'avère bien souvent faux (cf à ce sujet le cours de marketing). Par conséquent, s'il est bien évidemment important d'analyser et de réduire ses charges fixes, il convient tout aussi bien d'analyser et d'augmenter dans la mesure du possible ses prix de vente.

Le reste du cours a consisté - pour chacun - à distinguer charges fixes et charges variables dans les charges de fonctionnement préalablement identifiées (cf cours précédent).